Fiscalité du travailleur frontalier
La fiscalité est par nature un domaine plutôt complexe, mais cela se révèle encore plus vrai sur le territoire helvète. La Suisse étant une confédération, chaque canton décide de sa propre imposition.
Si vous êtes un travailleur frontalier, votre impôt devra donc être acquitté en France ou en Suisse selon le canton dans lequel vous exercez. Mais alors, où payer ses impôts ? Auprès de quelle administration la déclaration doit-elle se faire ? Tout cela vous paraît confus ? C’est normal !
Afin d’éviter que les impôts du frontalier suisse ne deviennent un véritable casse-tête, nous vous proposons un décryptage sur mesure ! Suivez le Guide !
Les impôts du frontalier suisse : tout comprendre
En fonction du canton dans lequel vous travaillez, vous ne paierez pas votre taxe d’imposition du même côté de la frontière.
Le Guide vous apporte quelques explications détaillées.
Vous êtes imposable dans votre pays de résidence à savoir la France, si vous exercez votre emploi dans les cantons suivants :
- Berne
- Soleure
- Bâle-Ville
- Bâle-Campagne
- Vaud
- Valais
- Neuchâtel
- Jura
Si vous êtes concernés et que vous travaillez dans l’un de ces huit cantons, n’omettez pas de fournir votre attestation de résidence fiscale à votre employeur dès votre embauche. Cette attestation est obligatoire depuis le 1er janvier 2008.
Sachez toutefois que pour conserver votre statut fiscal de frontalier, vous devez rentrer au minimum une fois par semaine à votre domicile en France, et ne pas passer plus de 45 nuits par an sur le territoire suisse. Sinon, vous serez imposé à la source en Suisse. L’administration fiscale peut vous réclamer une preuve de vos retours en France (tickets de péage par exemple).
En revanche, si votre job se situe dans les autres cantons non cités précédemment, notamment celui de Genève, vous êtes redevable de l’impôt du côté suisse et serez prélevé directement à la source par votre employeur.
Attention cependant à ne pas oublier de déclarer vos revenus à l’administration fiscale française ! Et ce, même si vous payez vos impôts en Suisse. Cela peut paraître fastidieux au premier abord et vous vous interrogez sûrement sur l’éventualité d’une double taxe. Pas de panique, la France prévoit la mise en place d’un crédit d’impôt spécialement attribué aux frontaliers concernés.
Je calcule mon impôt de frontalier suisse
Être domicilié en France et percevoir un salaire suisse corse considérablement le calcul de l’impôt. C’est encore plus compliqué dès lors que les revenus du foyer ne proviennent pas du même pays.
Le Guide a souhaité vous résumer les 3 éventualités les plus courantes :
- Vous êtes frontalier, l’unique salaire du foyer provient de Suisse et vous n’êtes pas prélevés directement à la source : vos impôts sont calculés sur la base de vos revenus suisses et sont payables en France ;
- Vous êtes prélevé à la source en Suisse et vous ne possédez aucun autre revenu en France : vous ne payez aucun impôt dans votre pays de résidence
- Vous êtes frontalier prélevé à la source en Suisse et vous ou votre conjoint(e) percevez des revenus en France : le taux d’imposition est évalué sur la globalité des revenus du foyer.
Que vous soyez redevable de vos impôts en France ou en Suisse, les calculs sont soumis à des critères bien spécifiques dépendant de chaque travailleur frontalier. Le montant à régler au fisc est déterminé selon différentes conditions : le montant des revenus, le canton dans lequel vous exercez et votre situation familiale.
Les impôts du frontalier à Genève : un canton pas comme les autres
Si vous faites partie des frontaliers qui exercent dans le canton de Genève, vous êtes sujet à certaines subtilités fiscales qu’il est utile de connaître !
Tout d’abord, votre impôt est calculé et ponctionné directement sur votre salaire par votre employeur selon les informations que vous devez lui fournir chaque début d’année. Le montant est automatiquement décompté de votre paie et transmis au fisc cantonal par l’employeur.
Cette somme est déterminée selon un barème de prélèvement qui comporte plusieurs critères : nombre d’enfants dans le foyer, situation matrimoniale et situation professionnelle du conjoint. Ces barèmes incluent déjà une grande partie de réductions forfaitaires. En fonction de votre cas personnel, il vous est possible de demander une rectification d’impôt. Ainsi, vous pouvez obtenir un remboursement si le barème était trop élevé.
Le quasi-résident un statut pas comme les autres
Depuis 2010, l’administration fiscale genevoise offre aux frontaliers la possibilité d’opter pour une déclaration aux frais réels, grâce au statut de quasi-résident. Pour en bénéficier, 90 % des revenus du foyer doivent provenir et être imposés sur le territoire suisse. Ces gains incluent à la fois les salaires, mais également les revenus mobiliers et immobiliers.
En choisissant la déclaration aux frais réels, vous pouvez déduire vos frais effectifs, à savoir frais kilométriques, frais de repas, intérêts d’emprunt, pension alimentaire, etc.
Pour prétendre à ces dégrèvements, vous devez faire une demande de TOU (taxation ordinaire ultérieure) auprès du fisc du canton de Genève avant le 31 mars de l’année qui suit celle de l’imposition. Attention à bien effectuer vos calculs en amont avant de faire une demande de TOU. Vous ne pourrez pas revenir sur celle-ci une fois qu’elle vous sera accordée, et ce même si vous réalisez que la redevance finale vous est défavorable comparé aux réductions forfaitaires de base.
Je me renseigne sur le statut de quasi-résident
Pour ceux qui ne peuvent pas prétendre au statut de quasi-résident
Sachez que si vous n’êtes pas éligible au statut de quasi-résident, il existe néanmoins la possibilité de demander une rectification de votre déclaration avant le 31 mars de chaque année. Si quelques changements se sont produits dans votre vie familiale, ou si votre employeur n’a pas pris en considération les informations que vous lui avez fournies en cours d’année, vous avez toujours la faculté d’intervenir auprès des impôts pour alléger votre taxe.
Au même titre que la TOU, vous devez en faire la réclamation auprès de l’administration fiscale à l’aide d’un formulaire. Les modifications peuvent porter sur un ajustement de barème ou de taux, une évolution de votre situation matrimoniale et familiale ou encore la déclaration du montant réel des revenus de votre conjoint (ces derniers sont estimés selon la déclaration de l’année précédente).
Si vous exercez dans le canton de Genève, il est donc impératif de garder en tête l’importance de la date du 31 mars et de la noter scrupuleusement sur votre agenda !
Télétravail des frontaliers : quelles implications fiscales ?
Le télétravail s'est imposé comme une pratique courante pour de nombreux frontaliers travaillant en Suisse. Toutefois, cette flexibilité géographique soulève des questions fiscales importantes, notamment en matière d'imposition des revenus et de sécurité sociale.
Fiscalité : un seuil de tolérance jusqu'à 40 %
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, un accord entre la France et la Suisse permet aux frontaliers de télétravailler jusqu'à 40 % de leur temps de travail annuel depuis leur domicile en France, sans modifier leur régime d'imposition. Dans cette limite, l'intégralité du salaire reste imposée en Suisse, pour les frontaliers genevois, évitant ainsi une double imposition.
En revanche, si ce seuil de 40 % est dépassé, la portion de rémunération correspondant au télétravail devient imposable en France dès le premier jour de dépassement. Il est donc essentiel pour les frontaliers et leurs employeurs de suivre précisément le temps de télétravail effectué afin d'éviter des complications fiscales.
Sécurité sociale : une limite distincte
Concernant la sécurité sociale, un accord entre la Suisse et l'Union européenne autorise les frontaliers à télétravailler jusqu'à 49,9 % de leur temps depuis leur pays de résidence sans changer leur affiliation à la sécurité sociale. Ainsi, tant que le télétravail ne dépasse pas cette proportion, le travailleur reste affilié au régime de sécurité sociale suisse.
FAQ – Impôts des frontaliers suisses : ce qu’il faut savoir pour être en règle
1. Quels formulaires dois-je remplir pour ma déclaration de revenus suisses en France ?
Les frontaliers doivent compléter le formulaire 2047 pour les revenus étrangers, en plus de la déclaration principale 2042. Le formulaire 2047-Suisse est spécifiquement conçu pour faciliter cette démarche. Selon votre situation, d'autres annexes peuvent être nécessaires. Pour plus d'infos, lisez notre tuto pour remplir votre déclaration d'impôts.
2. Quel taux de change dois-je utiliser pour convertir mes revenus suisses en euros ?
L'administration fiscale française recommande d'utiliser le taux moyen annuel publié sur le formulaire 2047-Suisse, il est mis à jour chaque année. Cependant, pour les revenus exceptionnels (comme les primes ou les retraits de prévoyance), le taux de change du jour de l'encaissement est requis.
3. Puis-je déduire l’impôt payé en Suisse de mes impôts français ?
Non, l'impôt payé en Suisse n'est pas déductible en France. Toutefois, un crédit d'impôt égal à l'impôt français sur ces revenus est accordé pour éviter la double imposition. Ce crédit d'impôt est accordé automatiquement, vous n'avez rien à faire de plus que de remplir votre déclaration.
4. Comment déclarer mes revenus si je travaille dans plusieurs cantons suisses ?
Vous devez déclarer séparément les revenus perçus dans chaque canton, car les règles d'imposition varient. Par exemple, les frontaliers travaillant à Genève sont imposés à la source en Suisse, tandis que ceux dans d'autres cantons peuvent être imposés en France. Ceux-là devront renseigner et remettre à l'administration l'attestation de résidence fiscale qui se justifie par le formulaire 2041-AS.
5. Dois-je déclarer mes revenus suisses en France si je suis déjà imposé à la source en Suisse ?
Oui, même si vous êtes imposé à la source en Suisse, vous devez déclarer vos revenus en France. Cela permet à l'administration fiscale française de calculer le crédit d'impôt correspondant et d'éviter la double imposition.
6. Quels documents dois-je fournir pour ma déclaration d'impôts en tant que frontalier ?
Les documents principaux à renseigner pour votre déclaration d'impôts frontalier sont :
- L'annexe 2042 qui est le formulaire principal du contribuable français et qui reprend l'ensemble des revenus à déclarer.
- Le formulaire 2041-AS si vous travaillez dans l'un des 8 cantons suisses (Vaud, Valais, Neuchâtel, Jura, Bâle-Ville & Bâle-Campagne, Berne et Soleure) qui prouve à votre employeur suisse votre résidence fiscale et qui permet au fisc français de déterminer le canton qui vous emploie.
- L'annexe 2047 qui permet la déclaration des revenus perçus à l'étranger.
7. Comment déclarer les revenus de prévoyance ou de retraite suisse en France ?
Les revenus issus de l'AVS (1er pilier), de la prévoyance professionnelle suisse (2e pilier) ou de la prévoyance individuelle (3e pilier) doivent être déclarés en France. Selon votre tranche d'imposition, ils sont imposables et doivent être convertis en euros selon le taux de change applicable.
8. Puis-je bénéficier de déductions fiscales spécifiques en tant que frontalier ?
Certaines charges, comme les frais de déplacement ou les cotisations sociales obligatoires, peuvent être déductibles. Cependant, les règles varient selon votre situation et le canton de travail. Renseignez-vous pour optimiser votre déclaration, le Guide du Frontalier vous aide dans vos démarches.
9. Comment éviter la double imposition entre la France et la Suisse ?
La convention fiscale franco-suisse prévoit des mécanismes pour éviter la double imposition, notamment par l'octroi d'un crédit d'impôt en France équivalent à l'impôt payé en Suisse. Pour cela, vous devez remplir correctement les formulaires et déclarer tous les revenus perçus.
10. Quelles sont les erreurs fréquentes à éviter lors de la déclaration d'impôts en tant que frontalier ?
Parmi les erreurs courantes : ne pas déclarer les revenus suisses en France, utiliser un taux de change incorrect, omettre certains revenus ou charges déductibles, et ne pas fournir les justificatifs nécessaires. Une attention particulière à ces points peut éviter des redressements fiscaux.
Les impôts du frontalier ne sont désormais plus un mystère !
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