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29 juil. 2025
6 min.

Budget 2026 : quelles conséquences pour votre retraite de frontalier ?

Budget 2026 : quelles conséquences pour votre retraite de frontalier ?

Vous pensiez que l’exercice 2026 apporterait enfin un peu de visibilité ? Le gouvernement vient pourtant d’annoncer une véritable « année blanche » : ni vos pensions, ni les barèmes de l’impôt sur le revenu ne seront revalorisés, quelle que soit l’inflation. Pire encore, l’abattement forfaitaire de 10 % réservé aux retraités disparaît au profit d’un forfait unique de 2 000 €, moins avantageux pour la majorité d’entre vous.

En clair, votre pouvoir d’achat risque de s’éroder pendant que votre charge fiscale, elle, demeure inchangée. Dans ce contexte, anticiper devient indispensable : optimiser la sortie de votre 2ᵉ ou 3ᵉ pilier, arbitrer entre rente et capital, ou encore diversifier vos revenus peuvent faire toute la différence. Dans les lignes qui suivent, nous décryptons ces mesures et vous guidons pas à pas pour transformer cette triple menace en opportunité de planification sereine de votre retraite. Suivez le Guide !

Les 3 mesures clés du gouvernement qui pénalisent les retraités

La fameuse « année blanche » annoncée le 15 juillet 2025 repose sur trois leviers : un gel complet des pensions, la neutralisation du barème de l’impôt sur le revenu et la fin de l’abattement de 10 %. Pris isolément, chacun de ces ajustements peut sembler supportable ; combinés, ils grignotent directement votre pouvoir d’achat de futur retraité frontalier. Décryptons-les une par une.

Désindexation totale des pensions : le gel 2026

À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, vos pensions resteront exactement au niveau de 2025, quelle que soit l’inflation. Le gouvernement table sur une hausse des prix (autour de 1 %) et espère économiser 7,1 milliards d’euros grâce à ce gel.

Ce que cela signifie pour vous : 

  • Une pension nette de 1 500 € par mois vaudra 1 485 € en pouvoir d’achat réel si l’inflation atteint 1 % (comme l'envisage le Premier ministre François Bayrou) : c’est l’équivalent d’un treizième mois amputé de 180 € sur l’année.

  • Pour un couple percevant 3 000 € nets mensuels, la perte de pouvoir d’achat frôle 360 € annuels.

  • Cet « effort » arrive après deux revalorisations successives des rentes de 5,3 % (2024) puis 2,2 % (2025) ; le choc psychologique sera d’autant plus fort.

Gel du barème de l’impôt sur le revenu : l’effet « hausse cachée »

En 2026, les tranches d’imposition ne seront pas réindexées sur l’inflation. Résultat : si vos revenus progressent ne serait-ce que de quelques euros, vous pouvez changer de tranche, voire devenir imposable alors que vous ne l’étiez pas. Bercy évoque 380 000 nouveaux contribuables dès l’an prochain.

Pourquoi c’est problématique : 

  • Cela revient à augmenter l’impôt « sans toucher aux taux » : vous payez plus parce que votre pension ou votre rente brute est figée hors inflation.

  • Pour les frontaliers qui perçoivent une partie de leurs revenus en francs suisses (potentiellement réévalués), l’effet de change peut accélérer le passage à la tranche supérieure.

  • Même si vous restez dans la même tranche, la fraction de votre revenu indexée sur l’inflation sera davantage taxée.

Suppression de l’abattement de 10 % remplacé par un forfait unique de 2 000 €

Depuis 1978, vos pensions bénéficiaient d’une déduction proportionnelle de 10 % lors du calcul de l’impôt. Celle-ci disparaît au profit d’un forfait fixe de 2 000 € (4 000 € pour un couple).

Qui y perd vraiment ?

  • Seuil pivot : 20 000 € bruts/an. En-dessous, le nouveau forfait est neutre ou légèrement gagnant ; au-dessus, vous perdez l’avantage de la proportionnalité.

  • Exemple : avec 30 000 € de pension brute, l’ancien abattement vous offrait 3 000 € de déduction ; vous n’aurez plus que 2 000 €, soit 1 000 € de revenu fiscal supplémentaire qui pèsera aussi sur votre CSG et vos éventuelles aides sociales.

  • Additionné au gel du barème, ce surplus fiscal est mécaniquement amplifié.

En résumé : le gel des pensions rogne votre revenu réel, le gel du barème accroît votre impôt et la fin de l’abattement retire un coussin fiscal précieux. Pour les frontaliers, l’écart entre revenu brut et net se creuse, et l’arbitrage rente/capital devient encore plus stratégique. Nous verrons dans la suite de cet article comment adapter votre planification retraite pour limiter ces pertes.

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Quel impact pour votre pouvoir d’achat de frontalier ?

Depuis l’annonce de « l’année blanche », trois forces tirent votre revenu vers le bas : un gel des pensions, un barème d’impôt figé et un abattement qui passe d’une déduction proportionnelle à un forfait fixe. Pour visualiser l’effet cumulé, voici l’évolution d’un revenu de retraite typique, en supposant une inflation française de 1,1 % en 2026 (OFCE) et une pension perçue en euros, ainsi qu'une tranche d'imposition 11 % :

Pension brute annuelle

Net 2025 (abattement 10 %)

Net 2026 (forfait 2 000 €)

Perte nette (nominale)

Perte de pouvoir d’achat (inflation 1,1 %)*

20 000 €

19 262 €

19 262 €

0 €

−210 €

30 000 €

28 272 €

28 162 €

−110 €

−416 €

40 000 €

35 914 €

35 314 €

−600 €

−984 €

* La colonne « Perte de pouvoir d’achat » compare le net 2025 nominal au net 2026 corrigé de l’inflation : même si votre pension ne baisse pas en euros, elle achète moins de biens et services.

Pourquoi c’est encore plus sensible pour les frontaliers

  • Inflation suisse plus basse : Berne prévoit 0,6 % seulement en 2026. Vus depuis la Suisse, vos revenus en francs suisses subiront un décalage moindre ; mais convertis en euros, ils n’échapperont ni au gel des barèmes français ni à la disparition de l’abattement.

  • Effet change et tranches d’impôt : si le franc suisse reste ferme, votre pension brute en euros pourrait même légèrement progresser mécaniquement. Bonne nouvelle ? Pas vraiment : sans indexation du barème, cette hausse de change risque de vous faire grimper plus vite dans la tranche de 11, 30 ou 41 %, selon vos revenus.

  • Rente vs capital : pour ceux qui envisagent la rente via le 2ᵉ pilier (ou un PER), l’écart brut/net s’accroît : même montant brut, mais impôt plus élevé et pouvoir d’achat rogné. Les adeptes du capital devront, eux, arbitrer entre la Contribution de Haut Revenu (CDHR) et la Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR), deux prélèvements complexes que la plupart des simulateurs ignorent encore.

À retenir

  • Le gel des pensions fait déjà perdre l’équivalent d’un 13ᵉ mois étalé sur douze pour les pensions moyennes.

  • Le forfait de 2 000 € d’abattement devient pénalisant dès 20 000 € bruts par an ; au-delà, chaque tranche supérieure augmente l’écart entre votre pension brut et votre net.

  • Combinés à l’inflation, ces mécanismes creusent un manque à gagner annuel qui peut dépasser 1 000 € pour un couple frontalier percevant 40 000 € bruts chacun.

Dans la prochaine partie, nous verrons comment ajuster votre stratégie de sortie (rente ou capital) et quels instruments (3ᵉ pilier, assurance-vie, ETF…) privilégier dès 2025 pour compenser cette triple peine.

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4 étapes pour sécuriser votre retraite avant l’« année blanche »

L’idée n’est pas de tout bouleverser en quelques mois ; il s’agit plutôt d’anticiper intelligemment les trois mesures que nous venons d’analyser. Voici un itinéraire clair, en quatre actions concrètes, pour protéger votre pouvoir d’achat de futur retraité frontalier.

1. Dressez l’inventaire complet de vos droits

  • France : téléchargez votre relevé de carrière (Cnav) et vérifiez que toutes vos années travaillées côté helvétique figurent bien grâce aux certificats E-205.

  • Suisse : demandez à votre caisse LPP un extrait actualisé de compte de libre passage ainsi que la projection de rente/capital ; faites de même pour chaque pilier (AVS, pilier 3a éventuellement).

  • Rassemblez également vos avis d’imposition 2024–2025 ; vous saurez ainsi quel sera votre plafond épargne retraite exact pour un versement PER (plan épargne retraite) déductible.

Bon à savoir : un état des lieux précis est souvent l’étape la plus négligée, alors qu’il conditionne toutes les optimisations suivantes.

2. Simulez vos revenus 2026 sans indexation

  • Calculez votre pension net 2026 avec l’abattement forfaitaire : revenu brut – 2 000 € (ou 4 000 € pour un couple) – impôt barème 2024.

  • Comparez-le à votre net 2025, puis corrigez la différence d’inflation (scénario 1 %, 1,5 %, 2 %…).

  • Répétez l’exercice avec le scénario « rente LPP » et « sortie en capital » ; rappelez-vous qu’un capital versé en France est imposé au barème + CEHR/CDHR si votre revenu fiscal de référence dépasse 250 000 € (célibataire) ou 500 000 € (couple).

3. Maximisez vos versements déductibles avant le 31 décembre 2025

  • Pilier 3 a : chacun de vos versements est déductible pour les frontaliers quasi-résidents s’il est crédité avant le 31 décembre ; certaines assurances ferment les souscriptions le 28 ou le 29 décembre, anticipez donc vos virements. Plafonds 2025 : 7 258 CHF pour les salariés, 36 288 CHF pour les indépendants.

  • PER individuel (ou assurance vie) : vos versements 2025 sont déductibles de votre plafond « épargne retraite » 2025, avec report des plafonds non utilisés des trois années précédentes, un bonus précieux si vous n’avez encore rien versé.

  • Vous approchez le seuil CEHR ? Étalez vos versements pilier 3a/PER/assurance vie sur 2025 et 2026 pour éviter de gonfler votre revenu fiscal d’une seule traite.

4. Diversifiez vos sources de revenu complémentaire

  • Assurance-vie multisupport (libellée en euros et en CHF) : arbitrages souples, fiscalité attractive après huit ans, et possibilité de piocher des rachats partiels pour combler l’érosion 2026.

  • ETF indicés CHF/EUR ou immobilier locatif côté Léman : deux solutions qui capitalisent sur la robustesse historique du franc suisse.

  • Échelonnage du capital LPP : si vous optez pour la sortie en capital, envisagez un retrait fragmenté sur deux années civiles ; l’impôt à la source suisse restera progressif et le capital déclaré en France pourra échapper à la surtaxation d’une CEHR/CDHR « one-shot ».

Je prends rendez-vous

Le mot-clé, c’est : anticipation. Plus vous renseignez tôt vos comptes Cnav/LPP et alimentez vos enveloppes fiscales (3ᵉ pilier, PER, assurance-vie), plus vous disposez de leviers pour absorber le choc de l’« année blanche ».

Gel des pensions, barème fiscal figé, fin de l’abattement proportionnel… Le budget 2026 ressemble, pour les futurs retraités frontaliers, à une véritable tempête : votre revenu réel baisse tandis que votre imposition grimpe. Pourtant, cette « année blanche » peut devenir un point d’appui pour repenser votre stratégie retraite : optimiser vos versements déductibles avant le 31 décembre 2025, arbitrer intelligemment entre rente et capital, diversifier vos poches d’épargne en euros et en francs suisses.

Pour vous aider dans vos démarches, le Guide du Frontalier vous propose les services de son partenaire Adavia, spécialiste de la planification retraite, prenez rendez-vous dès aujourd'hui avec l'un de leurs conseillers et optimisez vos revenus avant qu'il ne soit trop tard !


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