Possibilité de rachat du 3e pilier A : comment ça marche ?

Depuis le 1er janvier 2025, le fonctionnement du 3ᵉ pilier a évolué, et plus particulièrement le pilier 3a, un dispositif d’épargne volontaire dédié à la prévoyance vieillesse qui offre de nouvelles opportunités aux épargnants. L’une des nouveautés les plus attendues : la possibilité de racheter rétroactivement des années non cotisées. Une réforme qui pourrait représenter une opportunité fiscale intéressante, notamment pour les frontaliers et les travailleurs indépendants. Quelles sont les nouvelles règles ? Qui est concerné ? Comment en tirer parti ? Suivez le Guide !
Ce que change la réforme du 3ᵉ pilier en 2025
À quoi sert le 3ᵉ pilier en Suisse ?
Le 3ᵉ pilier fait partie du système de prévoyance suisse. Il vient compléter le 1er pilier (AVS) et le 2ᵉ pilier (prévoyance professionnelle). Contrairement aux deux premiers, il s’agit d’une épargne volontaire destinée à renforcer le niveau de vie à la retraite.
Chaque année, les salariés peuvent verser des montants dans un 3ᵉ pilier lié (3a), dans la limite d’un plafond fixé par la loi. En 2025, ce montant sera porté à CHF 7'258 pour les personnes salariées affiliées à un 2ᵉ pilier et CHF 36'288 pour les indépendants et les personnes non-affiliées au 2e pilier. Ces versements sont déductibles du revenu imposable, ce qui permet de réduire efficacement sa charge fiscale tout en préparant sa retraite.
Attention, Le dispositif du 3e pilier A est fiscalement avantageux essentiellement pour les frontaliers quasi-résidents du canton de Genève. C'est-à-dire, ceux dont 90 % des revenus mondiaux proviennent de Suisse. Les autres ne peuvent pas déduire leurs cotisations au pilier 3a.
Un rachat des années non cotisées désormais possible
Jusqu’ici, seules les cotisations de l’année en cours ouvraient droit à une déduction fiscale. Mais depuis le 1er janvier 2025, une personne qui n’a pas atteint le plafond les années précédentes pourra rattraper ses « années perdues ».
Cette mesure vise avant tout les assurés présentant des « lacunes de cotisation » : périodes d’études, passages à temps partiel, ou tout simplement oubli de versement.
Le rachat rétroactif sera déductible au même titre qu’une cotisation ordinaire, ce qui ouvre des perspectives fiscales intéressantes, notamment pour les indépendants ou frontaliers quasi-résidents souhaitant renforcer leur prévoyance tout en réduisant leur revenu imposable.
Plafonds de cotisation du 3e pilier en 2025
Les montants maximaux déductibles fiscalement évoluent également avec cette nouvelle loi.
- Salariés affiliés à un 2ᵉ pilier :
➤ Plafond 2025 : CHF 7'258 - Indépendants sans 2ᵉ pilier :
➤ Plafond 2025 : jusqu’à 20 % du revenu annuel net, avec un maximum de CHF 36'288
Ces montants augmentés entrent dans le cadre des possibilités de rachat rétroactif, ce qui ouvre la porte à une optimisation fiscale sur plusieurs années, à condition de bien planifier ses versements.
Qui peut profiter du rachat rétroactif du 3e pilier ?
Frontaliers, indépendants et résidents suisses
Les nouvelles dispositions concernent toute personne affiliée au système suisse de prévoyance.
Cela inclut :
- Les frontaliers travaillant en Suisse et cotisant au 3e pilier A,
- Les indépendants sans 2ᵉ pilier qui cherchent à améliorer leur retraite,
- Les résidents suisses ayant eu des périodes sans cotisation.
Pour les frontaliers ayant négligé le 3e pilier par manque d’informations ou d’intérêt, cette réforme permet de rattraper le temps perdu, avec à la clé un gain fiscal potentiel.
Mais attention : le rachat rétroactif est soumis à certaines conditions.
L’assuré doit avoir été éligible au pilier 3a à la fois l’année du rachat et l’année visée par le rattrapage. En clair, il faut avoir perçu — ou percevoir — un revenu soumis à l’AVS pendant les années concernées.
Autre point important : le montant maximal annuel (CHF 7'258 en 2025) doit d’abord être versé au titre de l’année en cours, avant de pouvoir procéder à un rachat d’années antérieures.
Pilier 3a ou 3b : lequel choisir ?
Le système suisse distingue deux types de 3e pilier, aux règles bien différentes.
Critère | Pilier 3a (lié) | Pilier 3b (libre) |
---|---|---|
Fiscalité |
Cotisations déductibles. Imposition lors du retrait en capital ou en rente |
Non déductible, mais le retrait n'est pas imposé |
Conditions de retrait |
Strictes (âge, départ à la retraite, achat immobilier, etc.) |
Libres |
Public cible |
Résidents suisses ou frontaliers quasi-résidents |
Tout le monde |
En 2025, les rachats rétroactifs ne concernent que le pilier 3a
Pour les frontaliers, le pilier 3a reste le plus intéressant dès lors qu’ils sont affiliés à l’AVS et imposés à la source en Suisse à hauteur de 90 % de leurs revenus. Le pilier 3b, lui, reste pertinent pour les personnes fiscalement domiciliées en France.
Mais attention : les rachats rétroactifs ne seront pas rétroactifs dans le temps. Seules les lacunes de cotisation survenues après l’entrée en vigueur de la réforme, soit à partir du 1er janvier 2025, pourront être comblées.
Ce qui veut dire que les premiers rachats ne seront possibles qu’à partir de l’année fiscale 2026, pour régulariser une cotisation manquante en 2025.
Les années antérieures à 2025 ne sont donc pas concernées. Par ailleurs, le droit au rachat rétroactif restera limité dans le temps : il pourra s’exercer pendant dix ans au maximum, à condition de respecter les critères d’éligibilité.
Je me renseigne sur les offres du pilier 3a
Quel impact pour votre prévoyance personnelle ?
Le rachat dans le pilier 3a offre un levier supplémentaire pour optimiser sa retraite et sa fiscalité. En rachetant des années manquantes, vous pouvez :
- Améliorer votre capital de retraite
- Réduire significativement vos impôts en Suisse
Régulariser votre parcours de cotisation, notamment après un début de carrière à l’étranger ou des périodes de pause
La réforme du 3ᵉ pilier de 2025 marque un tournant dans la stratégie de prévoyance individuelle en Suisse. En introduisant la possibilité de racheter les années de cotisations manquées, elle ouvre une nouvelle voie pour renforcer son capital retraite tout en optimisant sa fiscalité.
Que vous soyez salarié ou indépendant frontalier, c’est le moment idéal pour faire le point sur votre situation et planifier vos prochains versements dans le 3ᵉ pilier. Une bonne anticipation peut faire une vraie différence à la retraite — et sur votre prochaine déclaration fiscale.