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13 juin 2025
7 min.

Est-il mieux d'ouvrir une entreprise en Suisse ou en France ?

Est-il mieux d'ouvrir une entreprise en Suisse ou en France ?

Vous vous apprêtez à créer une société et vous hésitez entre la France et la Suisse ? C’est une question fréquente chez les frontaliers. Fiscalité, charges sociales, coût du travail, cadre administratif… chaque pays présente ses avantages — et ses limites.

L’objectif de cet article est simple : vous donner une vue d’ensemble des différences fiscales entre les deux côtés de la frontière. À la clé, une meilleure compréhension de l’impact réel sur vos revenus professionnels et vos projets de développement. Suivez le Guide !

Quelles structures juridiques choisir en Suisse ou en France ?

Avant de comparer la fiscalité des deux pays, il est important de connaître les principales formes d’entreprises que vous pouvez créer de part et d’autre de la frontière.

En France

Les formes juridiques les plus fréquentes sont :

  • La microentreprise : idéale pour démarrer une activité seul avec un minimum de formalités. Attention toutefois, le régime fiscal est simplifié, mais les plafonds de chiffre d’affaires sont limités et la protection sociale reste sommaire.

  • La SARL (Société à Responsabilité Limitée) : adaptée aux projets à plusieurs, elle offre une bonne protection du patrimoine personnel et une fiscalité basée sur l’impôt sur les sociétés (IS).

  • La SAS (Société par Actions Simplifiée) : plus souple dans son fonctionnement que la SARL, elle permet d’accueillir facilement des investisseurs. C’est aujourd’hui la forme privilégiée des créateurs d’entreprise.

  • La SASU : version unipersonnelle de la SAS, qui permet de bénéficier de la même souplesse tout en étant seul à bord.

En Suisse

Côté suisse, les formes juridiques les plus fréquentes sont :

  • La raison individuelle : simple à mettre en place, elle convient aux entrepreneurs seuls, mais n’offre pas de séparation entre patrimoine privé et professionnel.

  • La SARL : très répandue chez les PME, elle permet de limiter la responsabilité des associés au montant de leurs apports.

  • La SA (Société Anonyme) : plus exigeante en capital, elle est souvent choisie pour des projets de plus grande envergure.

Chaque statut a ses propres implications fiscales et sociales. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter nos articles détaillés sur la création d’entreprise en Suisse ou en France.

Fiscalité des sociétés en France

Créer une société en France implique de composer avec un système fiscal relativement complexe, qui varie selon la forme juridique choisie et le niveau de rémunération du dirigeant.

L’impôt sur les sociétés (IS)

La majorité des sociétés françaises (SARL, SAS, SASU) sont soumises à l’impôt sur les sociétés. En 2025, le taux normal de l’IS est de 25 %. Un taux réduit de 15 % peut s’appliquer sur la première tranche de bénéfices (jusqu’à 42 500 €), sous conditions.

À noter : certaines entreprises peuvent opter pour l’imposition sur le revenu, mais cette option reste limitée dans le temps et concerne uniquement certains profils.

Les charges sociales du dirigeant

En France, les charges sociales représentent une part importante des dépenses d’une entreprise. Leur montant dépend du statut du dirigeant :

  • Un gérant majoritaire de SARL est considéré comme travailleur non salarié (TNS). Ses charges sont plus faibles que celles d’un assimilé salarié, mais la couverture sociale est également moins complète.

  • Un président de SAS ou de SASU est assimilé salarié : il bénéficie d’une meilleure protection sociale (retraite, maladie), mais les charges patronales et salariales sont nettement plus élevées.

Autres prélèvements à anticiper

En plus de l’IS et des cotisations sociales, les entreprises françaises doivent composer avec plusieurs contributions supplémentaires : taxe foncière, CFE (cotisation foncière des entreprises), CVAE (qui est en cours de suppression progressive), etc.

Fiscalité des sociétés en Suisse

Le système fiscal suisse est souvent perçu comme plus avantageux que le modèle français, en particulier pour les entreprises. Il se distingue par sa simplicité, sa stabilité et des taux globalement plus attractifs.

L’impôt sur le bénéfice

En Suisse, l’impôt sur les sociétés s’applique à trois niveaux :

  • Fédéral : taux fixe de 8,5 % (sur le bénéfice net après impôt).

  • Cantonal et communal : variables selon la localisation de l’entreprise.

Selon le canton, le taux global d’imposition sur le bénéfice varie en moyenne entre 11 % et 21 %.
Par exemple :

  • À Zoug, l’un des cantons les plus compétitifs, le taux effectif tourne autour de 11,9 %.

  • À Genève, il est proche de 14 %.

  • Dans des cantons comme Neuchâtel ou Vaud, le taux est un peu plus élevé, mais reste inférieur aux taux français.

Les cotisations sociales

Les charges sociales en Suisse sont nettement moins lourdes qu’en France. Elles incluent principalement :

  • AVS/AI/APG : assurance vieillesse, invalidité, perte de gain.

  • LPP : prévoyance professionnelle (obligatoire à partir d’un certain seuil de revenu).

  • Assurance accident et maternité : selon le canton et le secteur.

Pour une entreprise, la part patronale des cotisations représente environ 12 % à 15 % du salaire brut, contre 25 % à 42 % en France selon les cas.

Autres impôts et contributions

Les entreprises suisses doivent également s’acquitter de la TVA (généralement 8,1 % en 2025) et, selon la forme juridique, de taxes sur le capital. Ces charges restent toutefois limitées comparées à la fiscalité française.

Comparatif chiffré France vs Suisse : qui paie le moins d’impôts ?

Pour mieux visualiser les différences fiscales entre les deux pays, prenons l’exemple d’une société qui réalise 100 000 € (ou CHF) de bénéfices annuels et verse 50 000 € (ou CHF) de rémunération à son dirigeant.

Poste de dépense

France (SAS)

Suisse (SARL – Genève)

Impôt sur les sociétés / bénéfices

25 000 € (25 %)

14 000 CHF (~14 %)

Charges patronales sur le salaire

~21 000 € (42 %)

~6 500 CHF (13 %)

Charges salariales

~11 000 € (22 %)

~6 000 CHF (12 %)

Coût total pour l’entreprise

57 000 €

26 500 CHF

Revenu net du dirigeant

~39 000 €

~43 500 CHF

Bon à savoir : la Suisse offre un environnement fiscal plus léger, aussi bien pour l’entreprise que pour le dirigeant. Les cotisations sociales y sont sensiblement moins élevées qu’en France.

Fiscalité personnelle du dirigeant : un paramètre à ne pas négliger

Au-delà de l’imposition sur les bénéfices de l’entreprise, il faut aussi prendre en compte la fiscalité applicable aux revenus personnels du dirigeant. Et sur ce point, les différences entre la France et la Suisse sont notables.

En France

Le dirigeant est imposé à titre personnel sur les salaires perçus et sur les dividendes éventuellement distribués.

  • Salaires : soumis à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux (17,2 %).

  • Dividendes : généralement imposés au prélèvement forfaitaire unique (la "flat tax") de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux). Dans certains cas, une option au barème progressif est possible.

Autrement dit, entre l’IS, les charges sociales et l’imposition sur les revenus, le taux de prélèvement global peut rapidement dépasser 50 %.

En Suisse

Le dirigeant est également imposé sur ses revenus personnels, mais le système est plus souple et globalement moins lourd.

  • Salaires : soumis à l’impôt sur le revenu, qui varie selon le canton, la commune et le revenu global. À Genève, le taux d’imposition marginal moyen tourne autour de 25 à 35 %.

  • Dividendes : imposés de manière partielle s’ils proviennent d’une participation qualifiée (généralement 70 % du montant est pris en compte dans le revenu imposable). Il n’y a pas de prélèvements sociaux sur les dividendes.

Résultat : un dirigeant domicilié en Suisse paiera généralement moins d’impôt sur ses revenus professionnels qu’un dirigeant résident fiscal en France, surtout si une part importante de sa rémunération est versée sous forme de dividendes.

Où créer son entreprise quand on est frontalier ?

Quand on réside en France mais qu’on travaille ou qu’on envisage d’entreprendre en Suisse, la frontière devient vite un enjeu stratégique. Le choix du pays d’implantation ne dépend pas uniquement de la fiscalité : il faut aussi tenir compte de sa situation personnelle, de ses objectifs et de son mode de vie.

Créer une société en Suisse en tant que résident français : c’est possible ?

Oui, un résident français peut tout à fait créer une entreprise en Suisse, sous certaines conditions. Il faudra notamment :

  • désigner un représentant fiscal si l’entreprise est assujettie à la TVA suisse,

  • respecter les conditions d’établissement (notamment pour certains secteurs réglementés),

  • et anticiper la fiscalité transfrontalière (notamment en cas de distribution de dividendes).

En tant que frontalier, vous serez imposé en Suisse pour les revenus générés par l’entreprise, mais attention : certains revenus peuvent être taxés en France, notamment si vous percevez des dividendes ou si vous exercez une partie de votre activité sur le sol français.

Convention fiscale et double imposition : ce qu’il faut savoir

La France et la Suisse ont signé une convention fiscale pour éviter la double imposition. En théorie, cela permet de ne pas payer deux fois l’impôt sur un même revenu. Mais en pratique, la gestion reste complexe et mérite une vraie analyse au cas par cas.

Exemple : un dirigeant frontalier qui détient une SARL en Suisse et se verse des dividendes devra déclarer ces revenus en France, où ils seront imposés au barème français.

Fiscalité vs simplicité de gestion : un équilibre à trouver

Créer en Suisse peut être fiscalement intéressant, mais la gestion administrative y est souvent plus rigoureuse. À l’inverse, entreprendre en France permet de rester dans un système connu, avec un accompagnement plus accessible… mais à un coût social plus élevé.

Choisir entre la France et la Suisse pour créer son entreprise, c’est avant tout une décision stratégique. Fiscalement, la Suisse offre des taux plus attractifs et des charges sociales allégées. En revanche, la France peut présenter des avantages en matière d’accompagnement, de simplicité juridique ou de proximité administrative.

Si vous êtes frontalier, votre lieu de résidence, votre mode de rémunération et votre secteur d’activité jouent un rôle clé dans ce choix. Il n’existe pas de solution unique : chaque projet mérite une analyse personnalisée.

Avant de vous lancer, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un expert. Une bonne structure au départ, c’est souvent la clé d’un projet durable — et fiscalement optimisé.


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