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29 juil. 2021
3 min.

Salarié en Suisse et indépendant en France : bonne ou mauvaise idée ?

Salarié en Suisse et indépendant en France : bonne ou mauvaise idée ?

À cheval entre la France et la Suisse, les frontaliers peuvent faire le choix de travailler indifféremment dans les deux pays. Si les salaires et la fiscalité suisses s’avèrent généralement plus avantageux, il peut être intéressant de compléter un emploi salarié en Suisse par une activité indépendante en France. Pour savoir si être salarié en Suisse et indépendant en France est une bonne ou mauvaise idée, suivez le Guide !

Est-il possible de travailler en Suisse et en France ?

Autorisation de travail en Suisse pour un frontalier

Grâce aux accords de libre circulation des personnes au sein de l’espace européen, un frontalier peut exercer un emploi salarié ou une activité indépendante en Suisse. Les démarches administratives à accomplir pour obtenir l’autorisation de travailler en Suisse dépendent de la durée du contrat de travail.

  • Pour un contrat inférieur ou égal à 90 jours par année civile : vous n’aurez pas besoin d’autorisation de travail si vous êtes ressortissant d’un état membre de l’UE. En revanche, la société pour laquelle vous travaillez doit vous déclarer à l’Office Cantonal de la Population et des Migrations (OCPM). L’autorisation définitive d’embauche est délivrée dans un délai d’une semaine.
  • Pour un contrat d’une durée supérieure à 90 jours par année civile : vous devez demander un permis de travail pour frontaliers (permis G). Néanmoins, cette autorisation est accordée à condition que le frontalier rentre au minimum une fois par semaine à son domicile. Une fois votre dossier déposé auprès de l’OCPM, vous pourrez démarrer directement votre activité.

La préférence cantonale : un frein au recrutement des frontaliers ?

Depuis le 1er juillet 2018, pour limiter l’immigration, les travailleurs locaux sont prioritaires pour l’accès à l’emploi dans leurs cantons respectifs. En effet, la loi impose désormais aux entreprises de communiquer en priorité à l’Office Régional de Placement (ORP) les postes ouverts au recrutement. La Suisse entend ainsi encourager l’embauche des travailleurs locaux et limiter le taux de chômage dans les cantons. Cependant, en vertu de l’accord de libre circulation des personnes au sein de l’UE, le cas des travailleurs frontaliers est particulier. Ceux-ci peuvent s’inscrire à l’ORP du canton dans lequel ils ont exercé leur dernière activité salariée et avoir accès aux offres d’emploi au même titre qu’un travailleur local. Dans ces conditions, une entreprise suisse peut donc embaucher un frontalier sans risquer d’amende. Dans le cas contraire, des pénalités pourront s’appliquer.

Pluriactivité France Suisse, ce qu’il faut savoir

Un pluriactif est une personne qui travaille régulièrement dans plusieurs états, que ce soit au service d’un seul employeur ou de plusieurs entreprises différentes. Ce statut est encadré à l’échelle européenne, notamment pour tout ce qui concerne les prestations sociales du travailleur.

Quelles cotisations sociales pour un frontalier ?

Conformément aux règlements européens, un travailleur ne peut être soumis qu’à un seul régime de sécurité sociale. Même si vous travaillez dans plusieurs états différents, un seul d’entre eux peut recevoir les cotisations sociales et verser des prestations en cas de chômage ou de maladie par exemple. La Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, mais elle a accepté ces règlements en signant l’accord de libre circulation des personnes. Pour déterminer l’état compétent, la législation applique le principe d’affiliation au lieu de travail : si vous habitez en France, mais que vous travaillez en Suisse, vous cotisez en Suisse et recevez des allocations du gouvernement suisse le cas échéant. Cependant, si vous êtes en situation de pluriactivité, d’autres arrangements peuvent être appliqués.

Couverture sociale des frontaliers pluriactifs

Un frontalier peut tout à fait exercer une activité à temps partiel en Suisse, et une activité indépendante dans son pays de résidence. Quelle que soit la répartition de son volume de travail dans chacun des pays, l’état compétent pour le versement des cotisations sociales sera obligatoirement l’état où le travailleur exerce une activité salariée. Concrètement, si vous êtes employé en Suisse, vous serez obligatoirement affilié au régime social suisse, et ce même pour votre activité indépendante en France. En revanche, un frontalier qui travaille pour différents employeurs en France et en Suisse n’est pas dans la même situation : si l’activité salariée dans l’état de résidence atteint 25 % de son temps de travail, l’ensemble de ses cotisations seront versées dans son état de résidence. 

Régime fiscal des frontaliers pluriactifs

Si vous êtes salarié en Suisse et indépendant en France, vous serez soumis à 2 régimes d’imposition :

Salarié en Suisse et indépendant en France bilan : bonne ou mauvaise idée ?

Partager sa vie professionnelle entre deux pays n’est pas toujours évident. En effet, il convient de bien comprendre les obligations sociales et fiscales en vigueur dans chacun des états. La pluriactivité salariée peut s’avérer rédhibitoire pour les employeurs suisses si elle implique un paiement des cotisations en France, car celles-ci seront nettement plus élevées qu’en Suisse. En revanche, le cumul d’une activité indépendante en France et salariée en Suisse ne devrait pas poser de problème à votre employeur.

Opter pour une activité indépendante en France en complément d’un temps partiel en Suisse peut s’avérer une bonne option pour diversifier vos sources de revenus. Veillez néanmoins à bien vous renseigner auprès des autorités suisses et françaises dont vous dépendez. En effet, la réglementation peut varier en fonction de votre situation familiale et professionnelle.


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4 commentaires
Zaz 25/03/2025 19:47
Bonjour J ai repris une activité en Suisse à temps partiel 60% et dans le même temps j ai créé une micro entreprise en France J ai du me m affilier à la Lamal car la cmu m a radié Je n ai pas compris quel sera l impact auprès de mon employeur Qu est-ce qui change pour moi par rapport à mes cotisations avs Je vous remercie de votre aide Zaz
Guide du frontalier
Bonjour, Votre situation de travailleur frontalier à temps partiel avec une activité indépendante en France présente quelques particularités. Votre radiation de la CMU et votre affiliation obligatoire à la LAMal est normale. En tant que travailleur frontalier en Suisse, vous avez normalement un droit d'option entre la LAMal et la CMU dans les 3 premiers mois de votre activité. Cependant, avec votre double statut (salarié en Suisse et indépendant en France), la CMU vous a radié car vous êtes soumis au système suisse. Pour votre employeur suisse, il n'y a aucun changement concernant votre affiliation à la LAMal. En Suisse, l'assurance-maladie est une démarche personnelle et individuelle, contrairement à d'autres assurances sociales. Votre employeur n'a pas à participer aux cotisations de l'assurance-maladie de base (LAMal), sauf convention spécifique dans votre contrat.
Lulu 21/03/2025 16:06
Bonjour, Je suis actuellement employée en france et indépendante en France. J'ai une proposition d'emploi en Suisse pour compléter mon activité en France. Il s'agit de petits contrats. Mon futur employeur suisse à peur que ce ne soit pas possible de tout cumuler et de devoir payer des taxtes en plus. Pouvez vous m'eclairer? Milles mercis pour votre site.
Guide du frontalier
Bonjour, Le cumul d'une activité salariée en Suisse avec des activités en France (salariée et indépendante) est autorisé. C'est ce qu'on appelle la pluriactivité. La règle principale pour les cotisations sociales est la suivante : Si vous travaillez plus de 25% de votre temps en France, vous serez soumise à la législation française pour les cotisations sociales. Si vous travaillez moins de 25% en France, les cotisations sociales seront dues en Suisse. Obligations pour l'employeur suisse Si vous travaillez plus de 25% en France, il devra verser les cotisations sociales en France et s'inscrire auprès de l'URSSAF. Si vous travaillez moins de 25% en France, il paiera les cotisations en Suisse normalement
Audrey 28/02/2025 05:28
Bonjour, Je réside en France et n'ai pas prévu de déménager pour le moment. J'ai éventuellement une opportunité pour travailler en Suisse. Sachant que si je suis salariée suisse, je devrai obligatoirement être présente en Suisse à 60%, je m'interroge sur mon statut et hésite à devenir indépendante pour travailler en Suisse. Quelles sont les conditions? régime fiscal? avantages / inconvénients ?
Guide du frontalier
Bonjour, je vous renvoie vers notre article intitulé: Télétravail et fiscalité : ce que les frontaliers doivent savoir. C'est article pourra vous renseigner.
Phil 27/11/2022 18:59
Bonjour, Je suis un peu perdu... voilà ma situation, je suis médecin français avec une activité mixte, libérale 50% et salariée 50%. J'ai pris une disponibilité de 12 mois de mon salariat mais je conserve mon activité libérale 2 jours par semaine et je travaille en Suisse(canton de Berne) 3 jours par semaine en tant que médecin indépendant(dit agréé). Que me conseillez vous pour l'assurance maladie? LAmal? ou garder la sécu française? Bien du mal à m'y retrouver... Merci d'avance Phil
Guide du frontalier
Bonjour Phil, Nous vous invitons à consulter notre page dédiée à l'assurance maladie : https://www.guidedufrontalier.com/choisir-lamal-cmu. Notre simulateur pour choisir entre la CMU et la LAMal pourra sans doute vous aiguiller dans votre choix. De façon générale, le choix de l'assurance maladie dépend surtout de vos revenus annuels et de votre composition familiale. Les cotisations CMU dépendent de vos revenus : si ceux-ci sont conséquents alors vos cotisations seront plus élevées. Or, les cotisations LAMal se calculent selon votre tranche d'âge et le nombre d'affilié (conjoint(e), enfants), si vos revenus augmentent le montant de la cotisation reste identique. Vous trouverez d'autres articles consacrés à l'assurance maladie sur le Guide du Frontalier. Nous vous invitons à les consulter pour plus de renseignements. Le Guide du Frontalier vous remercie pour votre commentaire.
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