Comment se préparer à vivre en couple ?

Comment se préparer à vivre en couple ?

Voilà, après quelques années ensemble (ou quelques semaines, on ne juge personne), vous avez réalisé que vous seriez bien capable de vous supporter mutuellement dans un espace clos, plus de trois heures d’affilée. Félicitations ! Vous voilà prêts à emménager ensemble. Même si le quotidien avec l’amour de sa vie - on vous le souhaite du fond du cœur - est fait de tendres moments et de projets déco, vous ne devez pas oublier le côté obscur de la force administrative : assurances, déclarations, finances ou encore épargne. Alors, quelles assurances sont nécessaires lorsqu’on vit à deux ? Quelles déclarations doit-on faire pour se préparer à vivre en couple ? Comment épargner au mieux, à deux ? Suivez le Guide !

Les assurances nécessaires à la vie de couple

Assurer votre couple

  1. L’assurance vie

    En attendant un élixir d’immortalité, il est judicieux d’assurer sa sécurité en cas de départ soudain de l’un des conjoints. L’assurance vie permet de vous mettre à l’abri financièrement, et le plus tôt sera le mieux ! En effet, plus vous êtes jeune, plus les tarifs de votre prime seront intéressants. En résumé, l’assurance vie vous permet :
    • de léguer un héritage à votre partenaire (empoisonné, si vous voulez) ;
    • de couvrir les divers coûts liés au décès ;
    • d’assurer à votre conjoint et/ou votre famille une stabilité de son niveau de vie en tant que frontalier ;
    • de couvrir les frais en cours (loyers, crédits, contrats, etc.) ;
    • de compléter votre 2ème pilier souscrit par votre employeur, pour augmenter vos revenus une fois à la retraite ;
    • d’assurer la pérennité de votre entreprise (en France ou en Suisse), si vous en avez une.

      L’assurance vie fait partie des contrats de prévoyance à connaître pour se préparer à vivre en couple. Pensez donc à discuter de vos besoins et à repenser votre type de couverture si vous avez déjà souscrit à une assurance vie. Attention, il y a tout de même quelques clauses : pousser votre conjoint par-dessus bord au milieu du lac Léman ne vous permettra pas de toucher l’assurance vie.

  1. L’assurance invalidité

    Cette assurance est spécifique à un accident qui pourrait mettre en péril votre situation financière et donc celle de votre foyer. L’assurance invalidité prend alors le relais pour assurer la continuité de votre salaire en attendant que vous retrouviez la forme. En Suisse, au titre de la protection sociale, les travailleurs frontaliers sont assurés en cas d’invalidité par le 1er pilier. Il est possible de choisir une assurance privée en France pour le conjoint afin de compléter la protection sociale du couple et pallier une éventuelle perte de revenus. En revanche, la flemmardise aigüe ne fait pas encore partie de la liste des maladies reconnues par l’assurance invalidité. Désolé !

  2. L’assurance « maladies redoutées »

    Se préparer à vivre en couple, c’est aussi accepter de faire face à la maladie ensemble. L’assurance « maladies redoutées » est une garantie de prévoyance. Si vous développez une maladie grave couverte par le contrat, durant votre engagement auprès de l’assureur et après le délai de carence stipulé dans votre clause, vous pourrez obtenir un versement dont la somme est établie au préalable selon votre situation. Attribuée sous forme de montant forfaitaire, elle vous aidera à couvrir vos dépenses personnelles comme vos frais liés à votre santé.

 

Assurer vos biens matériels

  1. L’assurance habitation

    Elle est indispensable et obligatoire lorsque vous vous préparez à vivre en couple et que vous emménagez ensemble, que vous soyez locataire ou propriétaire. Elle protège vos biens matériels ainsi que tous les dommages et sinistres mettant en cause votre responsabilité civile. La cotisation est établie selon l’estimation de vos biens (valeur du mobilier, de l’électroménager, des objets précieux, etc.). N’oubliez pas de déclarer vos lingots d’or cachés sous le matelas ! L’assurance habitation assure le couple et tous les occupants du domicile au titre de la responsabilité civile.

  2. L’assurance auto

    L’assurance auto vous couvre en cas de dommages matériels, immatériels et corporels, que vous soyez à l’origine de l’accident ou non. Afin de réaliser des économies, pensez à établir votre contrat chez le même assureur si vous possédez chacun un véhicule. Vous pourrez également souscrire votre assurance habitation au même endroit. Si vous partagez un véhicule, pensez à modifier votre assurance auto pour y ajouter votre conjoint comme deuxième conducteur. Oui, même si c’est une voiture à pédales avec un message « klaxonne si tu aimes le tuning et la coupe mulet ». L’assurance auto protège les véhicules, pas les goûts douteux de votre conjoint. 

 

Se préparer à vivre en couple : les déclarations nécessaires

Vivre à deux, c’est aussi se préparer à sauter dans le grand bain administratif. Pour éviter de vous y noyer (oui, on s’y noie toujours plus facilement que dans ce fameux lac Léman), sachez que vous devrez réaliser plusieurs démarches notamment en termes de déclarations.

  1. La signature du bail

    Lorsqu’un bail est établi pour votre logement, les règles qui lui sont liées diffèrent selon si vous figurez ensemble sur le document, ou si un seul des deux noms est mentionné. Il est important d’en connaître les spécificités pour se préparer à vivre en couple et éviter les conflits (vous aurez bien assez du choix des meubles et de la couleur du tapis pour cela).
    • Dans le cas où un seul nom figure sur le bail :
      • En cours de bail : seul le conjoint mentionné sur le bail peut prétendre au titre de locataire du logement, et peut percevoir les aides financières de l’État (le salaire du frontalier ne lui permet pas d’en bénéficier en général). Lui seul est redevable des loyers et des charges.
      • Suite à une demande de résiliation du bail : le conjoint non mentionné n’est pas autorisé à rester dans le logement, sauf si le propriétaire signe un nouveau bail avec lui.
      • En cas d’abandon du domicile : le conjoint restant peut prétendre à un transfert de bail s’il peut prouver une vie commune stable et continue depuis plus d’un an à la date d’abandon du domicile. En cas de relation plus courte, c’est au bon vouloir du propriétaire.
      • Suite au décès du signataire : le conjoint non mentionné peut demander un transfert de bail sous certaines conditions (vie commune depuis plus d’un an, que la relation était stable et connue de l’entourage) avec preuves à l’appui (factures, quittances, attestation des proches).
      • Si le propriétaire donne son préavis : seul le concubin signataire peut faire l’objet de ce préavis.

 

    • Dans le cas où les deux conjoints sont mentionnés sur le bail :
      • En cours de bail : chacun est locataire du logement qu’ils partagent. Ils prétendent ensemble aux aides possibles de l’État, et sont redevables ensemble du loyer et des charges. Dans le cas de la signature d’une clause de solidarité, le propriétaire peut s’adresser à n’importe lequel des deux locataires pour obtenir son dû.
        Attention, s’il y a eu signature de clause de solidarité, les mêmes conditions s’appliquent, mais chacun est redevable à 50 % du loyer et des charges.
    • Suite à une demande de résiliation du bail : une lettre de préavis doit être envoyée au propriétaire. Elle peut être conjointe ou séparée, mais envoyée simultanément. Si un seul locataire donne son préavis, le second peut continuer d’occuper le logement.
    • En cas d’abandon du domicile : le second locataire peut continuer à occuper les lieux.
    • Suite au décès de l’un des conjoints : le bail reste valide pour le second conjoint.
    • Si le propriétaire donne son préavis : il doit adresser son courrier aux deux locataires pour que celui-ci soit recevable.

  1. Le certificat de vie commune

    Certains organismes peuvent vous demander un certificat de vie commune pour prouver votre cohabitation (même si vous êtes fâchés depuis 6 mois pour cette couleur de tapis). Vous pouvez demander gratuitement ce certificat à la mairie dont vous dépendez en tant qu’habitant, ou rédiger vous-même une attestation sur l’honneur signée de vos deux noms, si votre mairie n’en délivre pas. Si la mairie peut vous délivrer cette attestation, vous devrez lui fournir au préalable une pièce d’identité chacun, et un justificatif de domicile avec vos deux noms et votre adresse commune. Ce document n’a aucune valeur juridique, à la différence de l’acte de mariage ou la déclaration de Pacs, mais il est parfois nécessaire d’en fournir un en guise de preuve pour vous attribuer des aides, par exemple. Ah, là d’un coup, on n’est plus fâchés !

  2. Les impôts

    On l’attendait peu, on l’appréhendait beaucoup, la voici rien que pour vous : la déclaration d’impôts #impôtmonamour ! Vous devez, en tant que couple, effectuer votre déclaration de revenus en mentionnant votre concubinage. Vous avez le choix d’opter pour une déclaration conjointe ou deux déclarations individuelles. Cette décision doit se faire en fonction de vos revenus respectifs. Attention à bien vous renseigner sur les modalités de déclaration : vous ne réglez vos impôts que dans un seul des deux pays en tant que frontalier. Se préparer à vivre en couple, c’est aussi se préparer à perdre ses cheveux ensemble dans sa déclaration d’impôts.

  3. La taxe d’habitation

    La taxe d’habitation est régie pour un seul logement, que votre déclaration d’imposition soit réalisée conjointement ou séparément. Si vous vivez en concubinage, l’administration se basera sur les éléments connus au 1er janvier de l’année concernée et établira une seule taxe d’habitation pour le couple. Concernant la répartition de la somme à payer, c’est à vous seul de décider. Voilà, nous avons lancé un autre sujet de discorde maintenant que vous vous étiez mis d’accord pour la couleur du tapis. Allez, petite réjouissance : depuis la réforme de la taxe d’habitation de 2020, vous pouvez prétendre à une exonération totale de votre taxe d’habitation. Encore une fois, en tant que frontalier, votre taxe d’habitation peut varier selon la déclaration établie et l’impôt suisse.

  4. Le testament

    Quitte à être sur la lancée des réjouissances, autant continuer. Établir un testament ne vous met pas un pied dans la tombe, mais permet de faire respecter vos dernières volontés. En tant que couple en union libre, vos droits et protections en matière de legs ne sont pas les mêmes que pour les couples mariés. Ces informations valent aussi en cas de séparation.

 

Épargner à deux : le livret épargne joint

Pour se préparer à vivre en couple, épargner à deux est indispensable pour définir ses projets et fixer son budget à long terme. Le livret d’épargne joint n’est ni un compte joint ni un Livret A. Le livret d’épargne permet de mettre de côté ensemble et d’épargner pour des projets à long terme ou en cas de coup dur.

Pourquoi épargner à deux ?

  1. L’épargne de précaution

    Pour payer ce superbe tapis, bien sûr ! Non, il s’agit surtout de prévoir des dépenses communes prévues ou imprévues. C’est d’ailleurs ce que les professionnels appellent l’épargne de précaution. L’occasion de permettre à votre argent de « faire des petits », comme on dit familièrement. Cette option d’épargne à deux sans frais de gestion à l’avantage d’être plus fructueuse, surtout si vous prenez l’habitude d’un versement mensuel au montant régulier. Votre livret d’épargne étant accessible quand bon vous semble, à la différence d’autres types de comptes, vous pouvez utiliser une partie ou la totalité pour n’importe quel motif : frais de réparations, perte de revenus, frais médicaux, etc. Il vient compléter un compte joint sur lequel vous réalisez davantage d’opérations de retrait ou de dépôts. Vous pouvez également alimenter votre livret d’épargne joint facilement depuis vos comptes personnels.

  2. L’épargne projet

    Elle peut vous être d’une grande utilité pour l’achat d’une résidence principale. Moins restrictive qu’un PEL (Plan d’Épargne Logement), vous pouvez économiser pour constituer un apport, élément non négligeable auprès des banques lors de la constitution de votre dossier de demande de prêt. Il peut aussi servir dans un projet onéreux à long terme et vous évite de demander un crédit à la consommation. Bien sûr, votre épargne projet peut alimenter d’autres types de placement comme une assurance vie.

 

Quand et combien épargner ?

Autant que possible, et dès que vous le pouvez, bien sûr. Il n’est jamais trop tôt pour mettre de l’argent de côté. Attention toutefois, certaines banques ont un plafond maximal quant à la somme pouvant être injectée dans un livret d’épargne. Dans l’idéal, il est recommandé d’avoir sur son épargne de précaution environ un montant équivalent à 6 mois minimum de dépenses communes. Par exemple, si vous dépensez 2000 euros mensuellement (en tant que dépenses incompressibles : loyer, crédit voiture, assurances, factures obligatoires), il est précautionneux de pouvoir épargner 12 000 euros.

 

Faut-il garder une épargne personnelle ?

La nouvelle question qui fâche, car elle peut avoir un visage de méfiance par rapport à celle ou celui qui partage votre vie. Pourtant, c’est aussi cela de se préparer à vivre en couple ! Et si vous avez bien fait vos calculs et qu’il vous reste quelques euros ou CHF dans votre porte-monnaie, n’hésitez pas à en faire profiter votre épargne personnelle. Elle peut vous servir pour un projet personnel ou professionnel sans que cela n’impacte sur les dépenses communes, ou pour vous rassurer en cas de séparation ou de décès de votre conjoint. Ou pour vous acheter votre tapis à vous, rien qu’à vous.

 

Quel que soit votre choix en matière d’épargne, elle doit être réfléchie et être alimentée en fonction de vos revenus, de vos dépenses, de votre mode de vie, et du projet pour lequel vous épargnez (si projet il y a). N’hésitez pas à vous faire accompagner dans vos projets de placements ou vos besoins en épargne, pour vous simplifier la vie en tant que frontalier !

 

Vous l’aurez compris, se préparer à vivre en couple est une aventure extraordinaire. Mais en termes administratifs, cela n’a de rose que le tapis que vous avez acheté ensemble et qui orne votre belle photo de couple, là sur les réseaux sociaux. Être bien renseigné est la clé d’une organisation budgétaire et administrative qui peut vous éviter bien des problèmes, surtout quand on est frontalier ! Vivre à deux, c’est aussi préparer le futur, avec des projets à long terme envisageable grâce à un placement financier. C’est aussi une prévoyance mutuelle, pour mettre son conjoint à l’abri des difficultés, avec une assurance vie, une assurance décès ou invalidité, etc. C’est protéger ses biens personnels, mobiliers et immobiliers. Et c’est faire ses déclarations ensemble, main dans la main. Et avec tout l’amour qui unit deux êtres, c’est payer sa taxe foncière et ses impôts suisses ou français à deux. Et pour finir, revendre ce tapis rose parce que finalement, vous n’en vouliez pas du tout.

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