Comment la pénurie d'informaticiens affecte-t-elle la Suisse ?

Comment la pénurie d'informaticiens affecte-t-elle la Suisse ?

Malgré son attractivité du côté de l’emploi, notamment pour les frontaliers, la Suisse peine à recruter des professionnels de l’informatique (ou IT, en abrégé). Pourquoi une telle pénurie dans un secteur pourtant en plein essor ? En quoi ce manque d’informaticiens affecte-t-il la Suisse ? Pour tout savoir, suivez le Guide ! 

 

Pourquoi la Suisse manque-t-elle cruellement de professionnels IT ?

L’accélération du numérique

L’augmentation constante du numérique, de l’informatique et des technologies entraîne des besoins supplémentaires en termes de main-d’œuvre. Qu’il s’agisse des secteurs privés ou publics, les experts du numérique sont de plus en plus recherchés pour concevoir, améliorer, optimiser et traiter les données. La cybersécurité, les solutions cloud, le big data : les professionnels de l’informatique sont partout. Ainsi, on assiste à une demande de professionnels en IT qui ne peuvent pas répondre à une ère informatique en croissance permanente.

 

Des études exigeantes

Parmi les raisons de cette pénurie, le taux d’échec important dans les études en informatique. En effet, on dénombre 100 étudiants inscrits à la Haute école de Gestion de Genève, mais seule la moitié poursuivent le cursus universitaire. Il s’agit d’une formation exigeante qui peut en décourager plus d’un. Pourtant, les besoins en informatique ne cessent d’augmenter et les filières concernées peinent à se remplir. 

 

Une disparité entre hommes et femmes

Le secteur de l’informatique semble attirer plus d’hommes que de femmes, à en croire le rapport de de Reliability Managers relevant un taux de 80 à 90 % de candidats masculins en IT. Une disparité qui se ressent au sein des équipes de travail où un manque d’équilibre, d’écoute et de considération peut être perçu par les femmes.

 

Les conséquences d’une telle pénurie 

La pénurie d’informaticiens touche le secteur économique de la Suisse de manière importante. En effet, on estime à 31 milliards la perte de création de valeur selon une étude de Digitalswitzerland. Plus qu’une alerte financière, la cybersécurité est en péril : moins d’informaticiens rend la sécurité des données plus fragile. À l’heure où tout (ou presque) se fait de manière dématérialisée, des achats sur internet aux documents officiels comme les passeports ou les déclarations d’impôts, les conséquences d’une pénurie pourraient être catastrophiques.

 

Les solutions pour faire face à la pénurie

Pour enrayer cette pénurie, la Suisse tente de proposer des remèdes : 

  • faire appel à l’immigration et à la main-d’oeuvre étrangère, et proposer des formations adaptées à ces futurs professionnels ; 
  • augmenter le nombre de places dans les filières universitaires et les cursus d’apprentissage ;
  • développer l’offre de formation continue ;
  • accélérer les processus de recrutement pour permettre aux candidats d’être rapidement sélectionnés ;
  • assouplir les conditions d’embauche en ouvrant l’accès aux personnes sans expérience, voire sans diplôme dans le secteur ;
  • améliorer les conditions de travail en proposant des horaires flexibles, du télétravail, ainsi que des extras comme des cours de sport gratuits ;
  • miser sur des salaires attractifs ;
  • pratiquer l’active sourcing, c’est-à-dire aller directement à la rencontre des professionnels de l’IT fraîchement diplômés via les réseaux comme LinkedIn, et coopérer avec les agences de recrutement pour faciliter l’approche de candidats.  

 

Comment devenir informaticien en Suisse ?

L’informaticien travaille dans les technologies de l’information et de la communication, communément appelés les TIC. Il est chargé de l’introduction, de l’élaboration, de la gestion et du développement des programmes informatiques et des services qui lui sont liés. Très grand domaine d’activité, l’informatique est partout et les branches du métier sont multiples et demandent chacune un savoir-faire unique. 

 

Les branches de l’informatique

Comme dans la majorité des domaines d’activités, on retrouve plusieurs métiers reliés au monde de l’informatique dont les plus populaires : 

  • le Big Data ;
  • la cybersécurité ; 
  • la gestion de projet TIC ;
  • l’assistance et conseils informatiques ;
  • l’orientation exploitation et infrastructure ;
  • l’orientation développement d’applications ;
  • l’environnement de travail ;
  • etc.



Ainsi, il est possible de devenir, entre autres : 

  • développeur ;
  • programmeur ;
  • chef / responsable de projet ;
  • ingénieur système ;
  • chef de la sécurité IT ; 
  • program Manager ;
  • consultant ;
  • business analyst ;
  • architecte IT ; 
  • ingénieur ICT-Requirements ;
  • manager d’organisation ;
  • opérateur IT ; 
  • technicien IT ;
  • ICT System Controller ;
  • employé du support IT ;
  • etc.

 

Pris dans son ensemble, les informaticiens travaillent en cohésion avec l’ensemble des intervenants d’une équipe, mais ils sont capables d'œuvrer de manière autonome sur de la gestion de projets simples. Ils sont en lien avec les clients, les utilisateurs et les acteurs du monde numérique. 

 

Les formations

La formation pour devenir informaticien en Suisse et obtenir un Certificat Fédéral de Capacité (CFC) d’informaticien/nne est possible : 

  • dans une école via un cursus à temps plein, avec un enseignement théorique et pratique pendant 3 ans + 1 an de stage ;
  • ou en apprentissage auprès d’une entreprise, avec une formation théorique de 1 à 2 jours par semaine, et une formation pratique de 3 à 4 jours par semaine en entreprise. Des cours en inter-entreprise sont également inclus, à hauteur de 35 jours sur les 3 premières années d’apprentissage. Cette formation dure 4 ans.

Il faudra alors choisir entre l’exploitation et l’infrastructure, ou le développement d’applications (dès la 2ème année de formation).

Autre type de formation plus récente, la formation par la voie privée : l'École 42 de Lausanne a lancé, en 2021, un modèle d’apprentissage gratuit et sans enseignants. Elle permet à n’importe qui de passer des tests d’entrée pour accéder au métier d’informaticien, et ce, sans formation préalable. Financée par des acteurs privés, l’Ecole 42 est ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Seuls pré requis : avoir 18 ans et être capable de suivre 15 à 20 heures de formation par semaine.

 

Les évolutions de carrière, le perfectionnement, les formations complémentaires

C’est l’un des avantages du secteur informatique : les possibilités d’évolution de carrière. Si vous souhaitez vous orienter vers une autre branche, ou vous perfectionner dans la vôtre, il est possible de se former tout au long de sa carrière pour obtenir : 

  • un brevet fédéral d’informaticien de gestion, de Cyber Security Specialist ou de Digital Collaboration Specialist ; 
  • un Bachelor en sciences HES en informatique (gestion, énergies, techniques environnementales, ingénierie des médias, etc.) ;
  • un diplôme fédéral d'ICT-Manager ou d'ICT Security Expert ;
  • un diplôme d'informaticien ES, de gestion ES, de technicien-ne ES en génie électrique, en systèmes industriels, en processus ou de technicien-ne médical-e.

 

Les centres de formations

La Suisse possède plusieurs organismes de formation avec lesquels vous pouvez prendre contact pour connaître les modalités d’inscription, les tests d’entrée (s’il y en a) et le rythme de la formation. Certaines proposent des formations continues, d’autres des contrats d’apprentissage ou encore des cours à distance (le bon plan pour les frontaliers).

 



Les qualités requises

Outre la formation et l’expérience, il est indispensable d’avoir certaines qualités pour devenir informaticien en Suisse : 

  • une bonne capacité d’adaptation aux outils informatiques et aux évolutions numériques et technologiques ;
  • une aptitude à savoir travailler en équipe ;
  • des facilités d’analyse rapides et efficaces ;
  • un esprit méthodique et une bonne organisation ;
  • un sens de la créativité et de la technicité. 

 

Quel est le salaire moyen d'un informaticien en Suisse ?

La plupart des métiers en Suisse ont un salaire attractif, notamment si vous êtes frontalier. Dans le cadre du monde informatique et depuis la pénurie de professionnels dans le secteur, le salaire moyen d’un informaticien en Suisse est très intéressant. En effet, selon votre branche d’activité, on estime le salaire annuel moyen d’un informaticien en Suisse, en 2023, à 79 821 francs suisses (13ème mois et bonus inclus).

Le salaire d’entrée d’un informaticien CFC sans diplôme d’une école professionnelle supérieure est estimé à 4 700 francs suisses mensuels, et le salaire médian pour un diplômé de haute école spécialisée (Master) tourne autour de 6 700 francs par mois.

Les business analystes et les développeurs sont parmi les mieux payés : comptez 6 400 francs suisses mensuels en moyenne chez les juniors et jusqu’à 10 231 francs suisses mensuels chez les séniors.


La pénurie d’informaticiens impacte lourdement le territoire helvète qui joue toutes ses cartes pour recruter la main-d'œuvre dont il manque cruellement. On estime qu’en 2023, il manquera près de 40 000 informaticiens dans le pays, ce qui pourrait causer des dommages dramatiques notamment sur le plan de la cybersécurité.

 

Vous l’aurez compris, devenir informaticien en Suisse est une belle opportunité à saisir si vous êtes du métier, mais aussi et surtout si vous êtes frontalier ! 

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