Quelles sont les nouvelles règles des allocations chômage des frontaliers ?

Depuis quelques mois, les allocations chômage sont un sujet sensible pour les frontaliers franco-suisses. Ce 21 mars 2025, de nouvelles règles sont entrées en vigueur et modifient les conditions d’indemnisation.
L’objectif affiché : réduire le coût du chômage et aligner les règles des frontaliers sur celles des travailleurs français. Mais concrètement, ces changements peuvent avoir un impact direct sur votre indemnisation si vous perdez votre emploi en Suisse.
Quelles sont ces nouvelles règles ? Qui est concerné et quelles conséquences prévoir ? Faisons le point sur cette réforme et ce qu’elle change pour vous, suivez le Guide !
Pourquoi ces nouvelles règles sur les allocations chômage ?
Un cadre légal renouvelé
Le décret du 21 mars 2025 apporte des changements majeurs dans l'indemnisation des travailleurs frontaliers, notamment avec une redéfinition de l’Offre Raisonnable d’Emploi (ORE). Désormais, une offre d’emploi sera considérée comme "raisonnable" si elle correspond au niveau de qualification et de compétences du demandeur, à sa zone géographique de résidence et aux salaires habituellement pratiqués en France.
Concrètement, un frontalier en recherche d’emploi ne pourra plus exiger un salaire équivalent à celui qu’il percevait en Suisse. Il devra accepter un poste rémunéré selon les standards français. Après deux refus d’ORE, le demandeur d’emploi s’expose à une radiation et à la suspension de ses allocations chômage. Cette mesure vise à inciter les frontaliers à retrouver un emploi plus rapidement en France, plutôt que d’attendre une opportunité en Suisse.
Parallèlement, la convention d'assurance chômage du 15 novembre 2024, signée par les partenaires sociaux, apporte des ajustements aux règles d'indemnisation. Ces changements, applicables dès le 1er avril 2025, concernent notamment la mensualisation des allocations et la révision des conditions pour les travailleurs seniors.
Objectifs de la réforme
L'un des principaux objectifs de cette réforme est de réaliser des économies de 400 millions d'euros par an. En ajustant les critères d'indemnisation des frontaliers, le gouvernement entend réduire le déficit de l'assurance chômage, estimé à 800 millions d'euros annuels pour environ 77 000 demandeurs d'emploi.
Dans un second temps, cette réforme vise à harmoniser les dispositifs français avec ceux des pays voisins. En alignant les conditions d'indemnisation des frontaliers sur celles des travailleurs nationaux, le gouvernement cherche à instaurer une équité entre tous les demandeurs d'emploi.
Réactions des syndicats et organisations de frontaliers
Les syndicats et associations de travailleurs frontaliers ont vivement réagi à ces nouvelles mesures. Ils dénoncent une réforme pénalisant les frontaliers, soulignant que ces derniers contribuent activement à l'économie française et que ces changements pourraient fragiliser leur situation financière en cas de chômage. Des appels à la mobilisation ont été lancés pour contester ces dispositions et défendre les droits des travailleurs concernés.
Les changements clés pour les travailleurs frontaliers
Acceptation des offres raisonnables d’emploi
Depuis le 21 mars 2025, les travailleurs frontaliers au chômage doivent accepter des offres d’emploi en France correspondant à leur profil et aux salaires moyens français. Le décret précise que l’Offre Raisonnable d’Emploi (ORE) se définit par :
- le niveau de qualification et de compétences,
- la localisation géographique,
- et le salaire habituellement pratiqué dans la zone concernée.
Ainsi, un demandeur d’emploi frontalier ne peut plus refuser une offre en France au motif que le salaire est inférieur à celui perçu précédemment en Suisse. Après deux refus d’ORE sans motif légitime, le demandeur s’expose à une radiation et à la suspension de ses allocations chômage. Cette mesure vise à encourager une réintégration rapide sur le marché du travail français.
Impact sur le montant des allocations
Les modalités de calcul des allocations chômage évoluent également. La convention d’assurance chômage du 15 novembre 2024, entrée en vigueur le 1ᵉʳ avril 2025, introduit la mensualisation de l’allocation sur une base fixe de 30 jours calendaires, quel que soit le mois concerné. Cette mesure vise à stabiliser le montant des allocations versées chaque mois, indépendamment du nombre de jours dans le mois.
Par ailleurs, c'est une bonne nouvelle pour les frontaliers au chômage, initialement envisagée, l’application d’un coefficient correcteur sur les salaires a été exclue de l’agrément de la convention. Ainsi, les allocations restent calculées selon les règles générales, sans ajustement spécifique lié aux salaires perçus à l’étranger.
Délai et durée d’indemnisation
La réforme impacte également la durée d’indemnisation des travailleurs frontaliers. À compter du 1ᵉʳ avril 2025, les durées maximales d’indemnisation sont ajustées en fonction de l’âge du demandeur d’emploi. Les allocataires âgés de 55 et 56 ans bénéficient d’une durée maximale de 22,5 mois (685 jours), tandis que ceux de 57 ans et plus peuvent prétendre à une indemnisation maximale de 27 mois (822 jours). Ces ajustements reflètent la volonté d’adapter les droits à l’évolution de l’âge légal de départ à la retraite. Pour les travailleurs frontaliers ayant travaillé en Suisse avant la réforme, les nouvelles règles s’appliquent aux fins de contrat intervenant à partir du 1ᵉʳ avril 2025, sauf si la procédure de licenciement a été engagée avant cette date.
Quelles alternatives pour les travailleurs frontaliers ?
Anticiper une perte de revenus
Face aux récentes réformes de l'assurance chômage, les travailleurs frontaliers doivent envisager des solutions pour compenser une éventuelle perte de leurs allocations.
Se constituer une épargne personnelle peut être un soutien pour pallier un déficit financier lié au chômage.
Solutions via le 3ᵉ pilier et autres dispositifs d’épargne
Le 3ᵉ pilier est un système d'épargne en Suisse permettant aux travailleurs de constituer un capital tout en bénéficiant d'avantages fiscaux. Bien que principalement destiné à la préparation de la retraite, il peut également être utilisé pour compenser une perte de revenus en cas de chômage.
Réorientation professionnelle et formation
Pour les frontaliers qui envisagent une reconversion ou qui souhaitent améliorer leurs possibilités face à l'emploi, plusieurs dispositifs sont à votre disposition.
Opportunités de reconversion et formations financées en France
La France offre divers programmes de formation professionnelle destinés aux demandeurs d'emploi, financés par des fonds publics. Ces formations couvrent un large éventail de secteurs et permettent d'acquérir de nouvelles compétences, facilitant ainsi une réorientation professionnelle.
Les frontaliers peuvent accéder à ces formations sous réserve de remplir certaines conditions, notamment s'inscrire comme demandeur d'emploi en France. Rapprochez-vous de France Travail ou d'autres organismes compétents pour obtenir des informations détaillées sur les formations éligibles et les modalités d'inscription.
Programmes d’accompagnement pour les frontaliers en transition professionnelle
Des programmes spécifiques sont parfois proposés pour accompagner les travailleurs frontaliers dans leur transition professionnelle. Ces programmes peuvent inclure des bilans de compétences, des ateliers de recherche d'emploi et des sessions d'information sur les droits et les dispositifs d'aide disponibles. Renseignez-vous auprès des associations de frontaliers ou des missions locales pour connaître les initiatives locales en faveur de la reconversion professionnelle.
Les nouvelles règles redistribuent les cartes pour les frontaliers au chômage. Soyez vigilant, à partir de deux refus d'une offre d'emploi répondant aux normes "ORE", vos allocations chômage seront supprimées. Si vous ne trouvez pas de travail en Suisse, vous serez sans doute contraint d'accepter un poste en France sous peine de perdre vos allocations d'aide au retour à l'emploi (ARE).